Veille du mois de novembre 2025
Préparer l’exploration humaine de la Lune et de Mars : Le Forum spatial autrichien lance la plus grande mission analogique mondiale
Le 13 octobre dernier, le service scientifique de l’ambassade de France a assisté au lancement de la mission « World’s Biggest Analog », coordonnée depuis Vienne, par le Forum spatial autrichien (ÖWF) à Vienne. Il s’agit de la plus grande mission analogique Lune/Mars jamais réalisée à ce jour, impliquant 17 institutions dans le monde entier, et plus de 200 chercheurs issus de 25 pays différents.
Cette mission analogique vise à simuler l’exploration humaine de la Lune et de Mars, à travers 16 habitats situés en Arménie, Australie, Brésil, États-Unis (3), France, Inde, Jordanie (2), Kenya, Oman, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque afin de préparer les astronautes aux conditions extrêmes de l’espace et de garantir leur survie ainsi que le succès de futures missions à des millions de kilomètres de la Terre. Ainsi, pendant deux semaines, 70 astronautes analogiques vont vivre et mener des expériences scientifiques, simultanément, dans ces environnements recréant les conditions physiques et psychologiques de l’espace.

Une astronaute analogue teste sa combinaison spatiale dans le désert martien de Wadi Rum (Jordanie) ©Jordan Space Research Initiative / Hope Byrd
Le Forum spatial autrichien : un acteur clé de la recherche spatiale autrichienne et européenne
Fondé en 1998, le Forum spatial autrichien (ÖWF) est une institution de recherche privée spécialisée dans les sciences spatiales, l’exploration habitée de Mars, l’astrobiologie et l’observation de la Terre. Réunissant plus de 250 membres issus de plus de 20 pays, le Forum constitue aujourd’hui le principal réseau spatial autrichien et un acteur clé du rayonnement scientifique et technologique de l’Autriche. Il collabore étroitement avec de nombreuses institutions de recherche et entreprises à l’international et joue un rôle d’interface entre le monde académique, l’industrie, les institutions publiques, les décideurs politiques et les médias.
Depuis août 2024, l’ÖWF abrite la première installation terrestre autrichienne reconnue par l’Agence spatiale européenne (ESA Ground-Based Facility). Cette infrastructure comprend notamment un tapis roulant vertical (Vertical Treadmill Facility), permettant de simuler différents niveaux de gravité (lunaire, martienne ou zéro gravité). Cet outil, inédit en Europe, ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche en physiologie spatiale et confirme la position du Forum spatial autrichien comme acteur incontournable du paysage spatial européen.
Par le passé, le Forum avait déjà dirigé plus d’une douzaine de missions analogiques, mais c’est la première fois qu’elle orchestre une opération simultanée de telle ampleur. En effet, la nouveauté majeure de la mission « World’s Biggest Analog » réside dans la coordination simultanée d’habitats répartis à l’échelle mondiale. Les stations peuvent communiquer en temps réel avec le centre de coordination des missions de l’ÖWF, mais également entre elles.
Le principal défi pour l’équipe viennoise consiste à coordonner les opérations entre les différents fuseaux horaires et à gérer un volume de données considérable. La logistique est un enjeu majeur afin de pouvoir centraliser toutes les informations collectées durant ces deux semaines et les transmettre par la suite aux groupes de recherche pour analyse et publication.
Recherche interdisciplinaire à bord des habitats : mieux comprendre la vie en conditions extrêmes
Au total, dix expériences interdisciplinaires sont menées dans le cadre de la mission, couvrant un large spectre de domaines allant de la psychologie à la biologie, en passant par le droit et le génie de l’environnement.
En psychologie, les équipes étudient la prise de décision en situation de stress et les stratégies d’adaptation, notamment à travers des protocoles de relaxation créative, afin d’évaluer leur impact sur la concentration, la cohésion d’équipe et la santé mentale en contexte d’isolement prolongé.
Dans le domaine du génie de l’environnement, les chercheurs assurent une surveillance continue du climat intérieur et de la qualité de l’air au sein des habitats, en mesurant des paramètres tels que la température, l’humidité, le taux de CO2 et la concentration de particules fines. Ces données permettront in fine de définir des seuils critiques et de concevoir des stratégies de gestion visant à maintenir un environnement sain et stable dans des espaces confinés.
Sur le plan sociologique et juridique, un volet de recherche porte sur l’élaboration d’un cadre réglementaire et éthique pour la cohabitation d’individus aux profils variés. Cette étude explore ainsi les questions de gouvernance, de répartition des rôles et de résolution de conflits dans des micro-sociétés isolées, autant d’enjeux à relever pour la réussite de futures missions habitées sur Mars ou la Lune.
Les travaux en biologie s’intéressent, quant à eux, à la résistance et à la survie de micro-organismes soumis à des conditions simulant l’environnement martien, caractérisé par des températures extrêmes, un rayonnement élevé et une faible pression atmosphérique. Cette recherche vise à mieux comprendre les limites du vivant et à anticiper les risques de contamination biologique lors des missions interplanétaires.
Enfin, une expérience à l’interface de la biologie et de la psychologie permet d’évaluer le fonctionnement d’une mini-serre semi-automatique destinée à produire de la nourriture et de l’oxygène dans un espace restreint. Ici, tant les performances agronomiques du système que ses effets psychologiques positifs sur les astronautes analogiques sont étudiées (apaisement, lien au vivant, sentiment d’autonomie).

Au sein de la station analogue basée au Portugal, les scientifiques étudient comment des plantes comestibles peuvent pousser dans des sols similaires à ceux de Mars ©ASP-1 Novares / Station analogue Habitat Monsaraz Mars
Ces différentes expériences sont menées dans au moins cinq habitats, selon leur complexité, tandis que les études psychologiques sont collectées, quant à elles, dans l’ensemble des sites. Celles-ci permettront de collecter un jeu de données global et diversifié, intégrant des profils variés en terme de sexe, d’âge et de culture et d’origine géographique et ainsi dégager des tendances universelles dans la gestion humaine des environnements extrêmes.
Une mission internationale ouverte au grand public
Au-delà de sa portée scientifique, la mission « World’s Biggest Analog » vise également à établir des standards communs et à renforcer le cadre international de la recherche analogique. En effet, elle applique les protocoles de l’ESA et de la NASA afin d’assurer la qualité et la comparabilité des données, tout en développant, via son centre de contrôle, des protocoles de communication entre les habitats en vue de créer une plateforme mondiale de recherche et de tests pour les technologies spatiales.
Enfin, la mission souhaite rendre l’exploration spatiale accessible au grand public. Ainsi, l’ensemble des résultats seront publiés en accès libre, ce qui assurera la transparence et la diffusion des connaissances produites. Par ailleurs, des programmes éducatifs ainsi qu’une campagne médiatique internationale accompagne le projet, pour mieux faire connaître le rôle des missions analogiques dans la préparation de l’exploration humaine de la Lune et de Mars et ainsi, sensibiliser le public à la recherche analogique.

Le directeur de l’ÖWF, Gernot Grömer, a présenté les enjeux et objectifs de la mission lors de la conférence de presse organisée le jour de la cérémonie de lancement © Caoi Kauffman / ÖWF
Enfin, le lancement de la mission a fait l’objet d’une conférence de presse en présence de journalistes autrichiens ainsi que plusieurs représentants diplomatiques, illustrant la volonté de diffuser la recherche analogique au-delà du seul écosystème scientifique.
Sources :
„Wie am Mond und Mars, nur auf der Erde: "Analog-Mission" an 16 Orten“, APA Science: https://science.apa.at/power-search/7991915668978965395
World’s Biggest Analog: https://www.worldsbiggestanalog.com/
„Weltweit größte Mond/Mars-Analog-Mission startet:„World’s Biggest Analog“, Österreischiches Weltraum Forum: https://oewf.org/2025/10/weltweit-groesste-mond-mars-analog-mission-startetworlds-biggest-analog/
„Analog-Mission auf fünf Kontinenten: Wie es ist, auf dem Mars zu leben“, Der Standard: https://www.derstandard.de/story/3100000291924/analog-mission-auf-fuenf-kontinenten-wie-es-ist-auf-dem-mars-zu-leben
L’Autriche renforce son attractivité scientifique : 26 chercheurs américains déjà accueillis
Dimanche 12 octobre, la ministre autrichienne des Sciences, Eva-Maria Holzleitner, et la présidente de la Conférence des universités autrichiennes (uniko), Brigitte Hütter, ont présenté une première évaluation des programmes de recrutement de talents américains, déployés à la suite des récentes évolutions de la politique de recherche aux États-Unis. À ce jour, 26 chercheurs basés aux États-Unis ont rejoint une université autrichienne, et 56 autres candidatures sont en cours d’examen.
Cette dynamique marque les premiers résultats d’une stratégie ambitieuse annoncée en avril dernier par le gouvernement autrichien, visant à renforcer l’attractivité du pays pour les chercheurs étrangers, en particulier américains.

L’Autriche déploie de nombreux instruments de financement pour renforcer l’attractivité de son territoire en matière de recherche et développement © AdobeStock
Un contexte international marqué par l'instabilité du système de recherche américain
Depuis plusieurs mois, les évolutions du paysage de la recherche aux États-Unis suscitent des inquiétudes au sein de la communauté académique. Les politiques annoncées par le président Donald Trump, telles que des réductions budgétaires dans certains domaines, le durcissement des règles de visas, ainsi que le recentrage des priorités scientifiques, ont conduit de nombreux chercheurs à envisager une mobilité vers l’Europe.
L’Autriche a rapidement réagi, affirmant son opposition aux ingérences politiques et aux tendances autoritaires qui entravent la recherche et l’enseignement, tout en mettant en place de nouveaux instruments afin d’offrir des conditions d’accueil assouplies pour cette nouvelle catégorie de chercheurs en exil.
Des dispositifs nationaux pour favoriser l’accueil de chercheurs étrangers
Deux leviers principaux ont été activés pour renforcer l’attractivité de la recherche en Autriche.
Le premier est le programme APART-USA, porté par l’Académie autrichienne des sciences (ÖAW) et financé à 75% par le Fonds pour l’avenir de l’Autriche et à 25% par les institutions de recherche autrichiennes hôtes. Ce programme met à disposition 25 bourses de 500 000 € sur quatre ans, destinées à des postdoctorants d’excellence, actuellement basés aux États-Unis, et souhaitant transférer leurs recherches vers des institutions autrichiennes.
Parmi les 26 chercheurs recrutés à ce jour, 11 bénéficient de ce dispositif et ont déjà rejoint l’une des 14 institutions nationales autorisées : universités générales, techniques et médicales de Vienne, Graz, Innsbruck, Salzbourg et Linz, ainsi que l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie (BOKU), l’Université de médecine vétérinaire de Vienne, l’Institut des sciences et technologies d’Autriche (ISTA), et l’Académie des Sciences elle-même.
Ces scientifiques d’excellence, issus d’institutions prestigieuses telles que le MIT (Massachusetts Institute of Technology), l’Université Harvard ou encore l’Université de Princeton, apportent, en Autriche, de nouvelles idées, perspectives et réseaux internationaux. Cela constitue un gain majeur pour la science autrichienne, renforçant ainsi sa visibilité internationale.
Le second levier est d’ordre législatif. Le 16 juin 2025, un amendement à la loi sur les universités a été adopté afin de faciliter le recrutement actif de chercheurs étrangers hautement qualifiés. Ainsi, et ce jusqu’au 30 septembre 2026, les universités autrichiennes peuvent nommer directement des professeurs étrangers sans passer par de longs appels à candidatures, ni subir de lourdeurs administratives. Cette mesure vise à accélérer l’accueil de scientifiques expérimentés, et a déjà permis le recrutement de 15 nouveaux professeurs américains.

L’amendement du §99a de la loi autrichienne sur les universités augmente, de 5 % à 10 %, le quota de postes sans affectation disciplinaire, faciliatnt le recrutement international de talents scientifiques © Parlamentsdirektion/Thomas Topf
D’autres instruments de financement, déjà existants, contribuent également à cette politique d’attractivité. Le Fonds autrichien pour la science (FWF) joue un rôle central en finançant divers programmes et prix destinés à soutenir les chercheurs de toute nationalité établis en Autriche, à différents stades de leur carrière.
Les prix ASTRA (Advanced Science Targeted Research Awards), lancés en 2024 sont dotés chacun d’environ un million d’euros sur cinq ans et visent à soutenir de jeunes scientifiques d’excellence, souhaitant mener des projets ambitieux dans des universités ou centres de recherche autrichiens. Dans la même logique, le programme de carrière ESPRIT (Early-Stage Program: Research-Innovation-Training), doté de 8 millions d’euros, soutient les jeunes chercheurs postdoctorants dans la réalisation d’un projet de recherche indépendant. Il accorde une attention particulière à l’avancement des femmes en science, avec un traitement préférentiel en cas de candidatures équivalentes. Plusieurs bénéficiaires ont d’ailleurs souligné que ce financement avait été un facteur décisif dans leur décision de s’établir en Autriche.
Outre le programme APPART-USA, l’Académie autrichienne des sciences (ÖAW) complète ce dispositif à travers ses propres instruments de financement notamment avec les bourses « Academy Fellowships » destinées à accueillir des chercheurs confirmés de toute nationalité pour des séjours de six à douze mois, et les bourses « Berta Karlik Fellowship », réservées aux chercheuses senior dans les domaines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques).
Un intérêt marqué pour la médecine et les sciences du vivant
Ces dispositifs commencent à produire des effets notables, notamment dans les disciplines touchant à la médecine et aux sciences du vivant, où la demande de mobilité depuis les États-Unis est particulièrement forte. Cette tendance s’explique principalement par les coupes budgétaires et les restrictions thématiques imposées par le National Institutes of Health (NIH), principal organisme de financement de la recherche biomédicale aux Etats Unis.
En effet, à elle seule, l’Université de médecine de Vienne a déjà enregistré vingt candidatures, et est actuellement en négociation avec plusieurs chercheurs issus de la recherche sur le cancer, des neurosciences et de l’immunologie. L’Université de médecine de Graz en a également accepté deux.
Les universités techniques témoignent également d’un vif intérêt. L'université technique de Graz a déjà recruté trois professeurs, dont deux Américains et un rapatrié, tandis que l’Université technique de Vienne rapporte un intérêt similaire. L'université des ressources naturelles et des sciences de la vie (BOKU) fait également état de plusieurs candidatures. Enfin, l’université de Vienne est en pourparlers avec plusieurs chercheurs et a déjà créé des postes postdoctoraux supplémentaires, spécifiquement dédiés à l’accueil de scientifiques américains.
Une politique d’attraction qui dépasse les frontières américaines
Si la majorité des 26 recrutements recensés concernent des chercheurs américains, les profils accueillis ne se limitent pas à cette catégorie. En effet, plusieurs d’entre eux sont des scientifiques européens de retour d’Amérique du Nord. D’autres sont des chercheurs, initialement en partance pour les États-Unis, qui ont finalement choisi de s’établir en Autriche, à la suite des bouleversements récents du système américain de recherche.
Aussi, cette politique d’attractivité s’inscrit dans une vision plus large de la diplomatie scientifique autrichienne. Il s’agit de renforcer l’ouverture internationale des universités tout en consolidant leur compétitivité dans la recherche mondiale.
Sources :
„26 Forscher wechselten bisher aus den USA an österreichische Unis“, APA Science: https://science.apa.at/power-search/7811717241256201680
„Aus USA nach Österreich: 25 Forscher erhalten ÖAW-Stipendien“, APA Science: https://science.apa.at/power-search/11432662086001106010
„26 Forscher wechselten bisher aus den USA an österreichische Unis“, Die Presse: https://www.diepresse.com/20198162/26-forscher-wechselten-bisher-aus-den-usa-an-oesterreichische-unis
„26 Forscher wechselten bisher aus den USA an österreichische Unis“, der Standard: https://www.derstandard.at/story/3100000291603/26-forscher-wechselten-bisher-aus-den-usa-an-oesterreichische-unis
Das Programm ESPRIT, FWF : https://www.fwf.ac.at/foerdern/foerderportfolio/karrieren/esprit
“Academy Fellowship: High level brain circulation worldwide”, ÖAW: https://www.oeaw.ac.at/en/funding/funding-programmes/subsites/academy-fellowship-high-level-brain-circulation-worldwide
“Berta Karlik Fellowship: High Level Brain Circulation Worldwide”, ÖAW: https://www.oeaw.ac.at/en/funding/funding-programmes/subsites/berta-karlik-fellowship-high-level-brain-circulation-worldwide
APART-USA, ÖAW: https://stipendien.oeaw.ac.at/stipendien/apart-usa
„Perspektiven-Paket für Wissenschaft und Forschung: Start des "Student at Risk-Fonds"“, Bundesministerium Frauen, Wissenschaft und Forschung:
https://www.bmfwf.gv.at/forschung/aktuelles/Perspectives-Package-for-Science-and-Research.html
Amendement du §99a de la loi sur les universités autrichiennes, Rechtsvorschrift für Universitätsgesetz 2002 (Fassung vom 20.10.2025):
https://www.ris.bka.gv.at/GeltendeFassung.wxe?Abfrage=Bundesnormen&Gesetzesnummer=20002128
„FWF-ASTRA-Preise: 22 Millionen Euro für aufstrebende Spitzenforscher:innen“, FWF Österreichischer Wissenschaftsfonds: https://www.fwf.ac.at/aktuelles/detail/fwf-astra-preise-22-millionen-euro-fuer-aufstrebende-spitzenforscherinnen
„FWF vergab erstmals ASTRA-Preise an 18 Nachwuchsforscher“, APA Science: https://science.apa.at/power-search/10702990613850563626
Les 19èmes éditions autrichienne et française du prix L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » mettent à l’honneur des jeunes chercheuses d’excellence
Le 7 octobre 2025, l’Académie des sciences autrichienne a accueilli la 19ème édition autrichienne du programme L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science ». Cette cérémonie de remise des prix a permis de mettre à l’honneur les quatre lauréates de cette année, tout en rappelant l’importance de continuer à soutenir les femmes dans la recherche, qui ne représentent aujourd’hui qu’un tiers de la communauté scientifique mondiale.
Le programme L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » : un engagement mondial pour les carrières féminines
Le programme L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » met en lumière l’excellence scientifique et encourage les femmes à s’engager dans des cursus scientifiques, à travers plusieurs initiatives déployées à différentes échelles. Depuis sa création, il a soutenu plus de 4 400 chercheuses, dans le monde entier. Aujourd’hui, le programme est devenu une véritable référence d’excellence scientifique.
En premier lieu, le Prix international L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » est attribué chaque année à cinq femmes scientifiques émérites, chacune issue d’une région du monde différente (Afrique et États arabes, Asie et Pacifique, Europe, Amérique latine et Caraïbes et Amérique du Nord) en reconnaissance à leurs travaux scientifiques d’excellence. Depuis sa création en 1998, le Prix international L’Oréal-UNESCO a récompensé 132 lauréates dans le monde entier, dont sept ont reçu par la suite un Prix Nobel scientifique :
Christiane Nüsslein-Volhard (Prix Nobel de Médecine en 1995)
Ada Yonath (Prix Nobel de Chimie en 2009)
Elizabeth Blackburn (Prix Nobel de Médecine en 2009)
Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna (Prix Nobel de Chimie en 2020)
Katalin Karikó (Prix Nobel de Médecine en 2023)
Anne L'Huillier (Prix Nobel de Physique en 2023)
Les domaines scientifiques retenus pour le prix alternent d’une année à l’autre mettant à l’honneur les sciences de la vie lors des années paires et les sciences de le matière, les mathématiques et les sciences informatique lors des années impaires.
Le 12 juin 2025 dernier, lors de la 27ème édition du Prix International, cinq nouvelles chercheuses exceptionnelles ont été saluées pour leurs travaux pionniers en sciences de la matière, des mathématiques et de l’informatique, parmi les 466 candidates issues de tous les continents. Côté Europe, la chimiste allemande Claudia Felser, spécialiste de la science des matériaux et directrice de l’Institut Max Planck de physico-chimie des matériaux solides, a été récompensé pour sa contribution unique ayant conduit à la découverte et à la création de nouveaux matériaux magnétique prometteurs pour les technologies énergétiques de demain.

Les 5 lauréates du Prix International 2025: Maria Teresa Dova (Amérique latine et les Caraïbes), Priscilla Baker (Afrique et les États arabes), Claudia Felser (Europe), Barbara Finlayson-Pitts (Amérique du Nord) et Xiaoyun Wang (Asie et le Pacifique) @For Women in Science / Fondation L'Oréal
Puis, en parallèle de cette compétition internationale, se sont également développés des programmes Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science », à l’échelle nationale et régionale. Ceux-ci sont mis en place par les filiales L’Oréal dans le monde, en collaboration avec les Commissions nationales et les Bureaux hors-Siège de l’UNESCO.
Ces programmes nationaux et régionaux visent notamment à promouvoir et encourager de jeunes chercheuses talentueuses afin qu’elles poursuivent leurs recherches dans des institutions scientifiques de leurs pays ou à l'étranger. Aujourd’hui, il existe plus de 50 programmes dans plus de 140 pays, dont en Autriche et en France.
19ème édition du programme L'Oréal-UNESCO autrichien : quatre chercheuses récompensées en 2025
Chaque année, depuis 2007, L'Oréal Autriche et la Commission autrichienne pour l'UNESCO, avec le soutien de l'Académie autrichienne des sciences et du Ministère fédéral des Femmes, des Sciences et de la Recherche, attribuent quatre bourses à de jeunes chercheuses talentueuses qui s’engagent dans les domaines de la médecine, des sciences naturelles ou des mathématiques. Chaque bourse, d’un montant de 25 000 €, apporte un soutien financier au lauréate afin poursuivent leurs projets de recherche en Autriche tout en leur permettant de développer leur carrière internationale. Depuis sa création, le programme autrichien a récompensé 71 lauréates.
La cérémonie de remise des prix 2025 s’est tenue le 7 octobre à Vienne, en présence de la ministre fédérale autrichienne des Femmes, de la Science et de la Recherche, Eva-Maria Holzleitner et de l’ambassadeur de France en Autriche, Matthieu Peyraud.
Les quatre lauréates de cette édition illustrent par la qualité de leurs travaux, la diversité et l’excellence de la recherche menée dans les différentes institutions de recherche autrichiennes :
Nida Ali (Université de Vienne, Faculté de psychologie) étudie la réaction d’éveil de l’alpha-amylase comme biomarqueur potentiel du stress d’améliorer la précision des diagnostics du système nerveux autonome.
Theresa Haitzmann (Université de médecine de Graz, Institut de biologie moléculaire et de biochimie) analyse comment les cellules cancéreuses pulmonaires utilisent des sucres alternatifs, tels que le mannose, pour contourner les thérapies, ouvrant ainsi de nouvelles voies en oncologie.
Darja Rohden (Université de Vienne, Institut de chimie biologique) développe de nouvelles méthodes RMN pour rendre visibles les transmissions de signaux dans les enzymes.
Angeliki Spathopoulou (Université d’Innsbruck, Institut de biologie moléculaire) : utilise des organoïdes cérébraux 3D afin de décrypter les causes moléculaires de la schizophrénie et de développer de nouvelles possibilités de diagnostic.

Les lauréates ont pu partager leurs points de vue lors d’un panel de discussion pendant la cérémonie de remise des prix © L’Oréal Groupe
Soutenir les carrières féminines en Autriche demeurent essentiel. En effet, à l’heure actuelle, les femmes restent largement sous-représentées dans la recherche, en particulier dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Selon l’Eurostat, en 2023, la part de femmes diplômées de l'enseignement supérieur dans les STIM s’élevaient seulement à 29,4% en Autriche, contre une moyenne européenne de 33,5% . Ainsi, et comme l’a rappelé le président de l’Académie des Science autrichienne, Heinz Fassman, cette distinction honore une recherche fondamentale d’excellence et envoie un signal fort en créant des modèles inspirants pour les filles et jeunes femmes souhaitant s’engager dans les carrières scientifiques.
Le programme Jeunes Talents France 2025 : 34 nouvelles lauréates distinguées pour leurs contributions scientifiques
Côté France, le programme Jeunes Talents France L'Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » soutient, depuis 2007, l'implication de jeunes femmes dans la recherche scientifique. Ce programme identifie et récompense des jeunes chercheuses brillantes dans les sciences de la vie et de l'environnement, les sciences de la matière, les mathématiques, l’informatique et les sciences de l'information ainsi que dans les sciences de l'ingénieur et technologiques. A ce jour, 440 lauréates ont déjà été récompensées par ce prix dont la dotation s’élève à 15 000 € pour les doctorantes et 20 000 € pour les post-doctorantes.
Le 8 octobre dernier, ce sont 34 nouvelles lauréates, représentant 62 nationalités et 64 universités différentes, qui ont été récompensées par le prix Jeune Talents France lors d’une cérémonie organisée par La Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO.
Selon le dernier rapport de l’UNESCO, en 2023, les femmes ne représentaient encore que 29,7% de l’effectif total de chercheurs en France. Ainsi, comme l’a souligné, la présidente de l’Académie des sciences française, Françoise Combes, il est important de continuer à mettre à l’honneur ces chercheuses d’excellence qui contribuent à bâtir une recherche plus juste, inclusive et représentative de sa diversité et de les valoriser comme ambassadrices de la science pour les générations futures.
Enfin, il existe également un programme international des Jeunes Talents, attribuées annuellement à 15 jeunes chercheuses afin d’encourager la coopération scientifique internationale et le développement de réseaux interculturels. Ce programme sélectionne ses lauréates parmi les 275 boursières nationales et régionales. La dernière édition de ce programme remonte toutefois à 2022 et n’a pas encore été reconduite depuis.
Sources :
Programme L'Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science, UNESCO : https://www.unesco.org/fr/prizes/women-science?hub=917
Prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science, UNESCO : https://www.unesco.org/fr/prizes/women-science/awards?hub=917
« Cinq chercheuses exceptionnelles récompensées par le Prix international 2025 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science », UNESCO : https://www.unesco.org/fr/articles/cinq-chercheuses-exceptionnelles-recompensees-par-le-prix-international-2025-loreal-unesco-pour-les?hub=917
Programmes nationaux et régionaux L'ORÉAL-UNESCO Pour les Femmes et la Science, For Women in Science : https://www.forwomeninscience.com/map/
L’ORÉAL-Auswahl, ÖAW: https://stipendien.oeaw.ac.at/stipendien/loreal-oesterreich/loreal-auswahl
Das Förderprogramm, L’Oréal Österreich -: https://www.loreal.com/de-at/austria/pages/commitments/programm/
„For Women in Science: Ein gemeinsames Engagement von L'ORÉAL und UNESCO“, Österreichische UNESCO-Kommission: https://www.unesco.at/wissenschaft/for-women-in-science/
„L'Oréal-UNESCO Förderpreis "For Women in Science" 2025: Vier Nachwuchsforscherinnen erhalten in Wien hochdotierte Auszeichnung“, OTS: https://www.ots.at/presseaussendung/OTS_20250925_OTS0103/loral-unesco-foerderpreis-for-women-in-science-2025-vier-nachwuchsforscherinnen-erhalten-in-wien-hochdotierte-auszeichnung
„For Women in Science: L’Oréal-UNESCO Förderpreis“, MedUni Graz: https://www.medunigraz.at/news/detail/loreal-unesco-foerderpreis-women-in-science
„For Women in Science“ Österreich: Vier Nachwuchswissenschafterinnen ausgezeichnet - ein Abend für Exzellenz und Chancengleichheit, OTS: https://www.ots.at/presseaussendung/OTS_20251008_OTS0109/for-women-in-science-oesterreich-vier-nachwuchswissenschafterinnen-ausgezeichnet-ein-abend-fuer-exzellenz-und-chancengleichheit
“Female tertiary education graduates in STEM education fields - % of all tertiary education graduates in STEM education fields”, Eurostat: https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/tps00217/default/table?lang=en
„Frauen und Wissenschaft: wo es noch Aufholbedarf gibt“, AMS: https://www.ams.at/arbeitsuchende/frauen/frauen-und-wissenschaft
„Die Welt braucht Wissenschaft - und die Wissenschaft braucht Frauen“, L’Oréal Österreich: https://www.loreal.com/de-at/austria/pages/commitments/fwis/
France - Programme national, For Women in Science: https://www.forwomeninscience.com/authority/france---national-program
34 chercheuses d’avenir récompensées par le 19e Prix Jeunes Talents France L'Oréal-UNESCO Pour Les Femmes et la Science, For Women in Science : https://www.fondationloreal.com/sites/default/files/2025-10/CP%20-%20L%27Or%C3%A9al%20UNESCO%20Pour%20les%20Femmes%20et%20la%20Science%20Jeunes%20Talents%20France%202025%20-%2020250810.pdf
Prix Jeune Talents France 2025, L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science : https://www.fondationloreal.com/sites/default/files/2025-10/DP%20-%20L%27Or%C3%A9al%20UNESCO%20Pour%20les%20Femmes%20et%20la%20Science%20Jeunes%20Talents%20France%202025%20-%2020251008.pdf
Rédactrice : Auregan Labrune <auregan.labrune@institutfr.at>