Lorsque les lèvres d’un personnage bougent dans India Song de Marguerite Duras, ce n’est jamais pour parler. Et pourtant, les mots s’enchaînent – presque sans interruption, à l’exception des irruptions de la mélodie qui porte le nom du film. À l’écran, les corps restent muets, et les voix, elles, émergent sans corps, sans localisation précise. Parfois en retrait, parfois en contrepoint de l’image, quand ces voix résonnent, d’où viennent-elles, depuis quelle époque, de quelle situation s’agit-il?

Dans le fantasme durassien, les identités se dissolvent – les personnages ne sont que des fragments, le son et l’image coexistent dans une tension étrange. Comme le dit la cinéaste elle-même : « On vous dira que ce n’est pas un film. Et pourtant, il y a quelque chose à l’écran. Quelqu’un qui parle, c’est une image. »

Le 12 mai,  50 ans jour pour jour après la première sortie du film, nous vous invitons à (re)découvrir India Song, sans doute le plus célèbre des films de Marguerite Duras – bien que son œuvre cinématographique reste relativement méconnue en Autriche. Cette séance marque la première de deux rencontres dans le cadre d’une collaboration entre l’Institut français d’Autriche et le séminaire de cinéma « Two people in a room, talking. Gerede und Gespräch im Film » (Universitätsassistent - post doc- Joachim Schätz)  de l’Université de Vienne.

Entrée gratuite. La projection en français avec des sous-titres anglais sera introduite et animée en langue allemande par Pauline Hutterer, Michael Kerschbaumer et Anton Schroeder – responsables de la sélection du film et étudiants du Master Theater, Film und Medienwissenschaft (Théâtre, film et médias) de l'Université de Vienne.
Elle sera suivie d'une discussion avec le public en langue allemande. 
 

Pauline Hutterer (1999) travaille à l’Université de Vienne et est active au sein de l’ÖH. Elle encadre des projets en pédagogie théâtrale, écrit, et organise lectures et projections.

Michael Kerschbaumer (1998) est en master d’études théâtrales, cinématographiques et des médias à l’Université de Vienne. Ses recherches portent sur les films et les médias, notamment les symboles, le langage visuel et les dimensions politiques.

Anton Schroeder (1997) travaille pour le distributeur Filmgarten à Vienne. Il est également journaliste pour critic.de et le Bohema Magazin Wien, où il dirige la rubrique cinéma.